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Le 18 décembre, ma chienne de 12 ans, Lola, qui allait parfaitement bien jusque là, s’est mise à avoir un comportement étrange. J’ai pris rendez-vous chez le vétérinaire, et ce rendez-vous a débouché sur un autre rendez-vous, puis sur un autre-rendez-vous, puis sur un autre rendez-vous… Entre les rendez-vous et les examens qu’elle a dû passer, en l’espace d’une semaine, son état n’a fait que se dégrader. Décision fut prise de lui faire passer une IRM, pour confirmer une hypothèse à laquelle je ne voulais pas croire.
J’ai annulé mes déplacements pour le temps des fêtes. Je ne pouvais pas la faire voyager dans son état.
Malgré le fait qu’elle ait visiblement mal à certains endroits, elle était toujours tellement heureuse…de sortir, de manger, d’être avec moi. Notre vie habituelle, en somme. J’avais donc beaucoup de mal à concevoir que le problème, quel qu’il soit, puisse être si grave. Je me disais : “Ils vont trouver, elle prendra un traitement, à vie s’il le faut, et puis tout ira bien”. Une petite voix me disait bien que les choses n’allaient pas se passer de cette façon, mais je refusais de l’écouter.
Nous avons passé le réveillon du 24 toutes les deux. Pour son repas de Noël, je lui ai préparé un bon gros bifteck, saignant à souhait. Je lui ai aussi acheté des petits cadeaux. Elle était aux anges.
La journée, quand je l’emmenais en forêt, comme tous les jours, elle était toujours aussi contente de partir et d’arriver, mais une fois sur place, elle marchait à peine cinq minutes, puis venait vers moi, ses yeux droits dans les miens. Je connaissais ce regard par coeur. Il était généralement réservé aux jours de pluie. “On rentre, dis ?”.
Puis un jour, subitement, son oeil gauche a commencé à s’avancer, en même temps qu’une bosse grossissait sur le dessus de sa tête.
Je n’arrivais pas à croire à cette évolution fulgurante, alors j’ai regardé des photos que j’avais prises d’elle à peine une semaine auparavant. Il n’y avait RIEN. Rien du tout. Rien de visible, en tout cas.
Le 30 décembre, jour de l’IRM, le diagnostic est tombé comme une enclume sur ma tête.
Lola avait une énorme tumeur au cerveau, extrêmement agressive, qui était en train de tout détruire sur son passage. J’ai vu les images, une horreur. Certains os de son crâne avaient été complètement rongés, plus rien ne séparait les cavités de l’oeil, des sinus et du cerveau, et la tumeur poussait maintenant son globe oculaire hors de son orbite.
“Il n’y a rien à faire, c’est trop avancé.”
Comment exprimer ce que j’ai ressenti, moi qui ne suis pas vétérinaire et qui ne savais pas ce que cela impliquait pour les jours, semaines ou mois à venir. Puis on me dit : “Ça peut arriver n’importe quand, entre demain et dans deux mois.”
J’ai beaucoup pleuré.
Puis ma chienne et moi avons passé le réveillon du 31 toutes les deux.
Lola a encore eu droit à un festin, une fricassée de boeuf en sauce aux petits légumes, ainsi qu’à un os énorme qu’elle n’a pas lâché avant de lui avoir fait la peau.
Le lendemain matin, 1er janvier, je l’ai emmenée au bois.
Elle était heureuse. Il faisait beau, le soleil brillait entre les branches, et elle trottinait comme si rien ne s’était jamais passé.
C’était trop beau pour être vrai, mais je me souviens m’être dit que si c’était là notre dernier beau moment toutes les deux, notre toute dernière ballade, ce serait un magnifique souvenir. J’ai pris d’innombrables photos.
Après une bonne demi-heure de ballade, Lola a voulu rentrer.
Nous sommes donc retournées à la voiture, et là, d’un coup, tout a lâché. J’ai dû la porter de la voiture à la maison, et une fois chez nous, elle est partie se coucher. Elle qui réclamait toujours son “goûter” de retour de ballade, elle n’a plus rien voulu avaler. Pour la toute la première fois de sa vie, elle a refusé tout ce que je lui tendais, morceau de saucisse, de poulet, petit bout de fromage… alors j’ai compris.
Ma seule et unique préoccupation a toujours été que mes animaux ne souffrent pas. Jusque là, même si elle avait probablement mal, sa joie, son enthousiasme, son bonheur de vivre prenaient le dessus. Tant que sa vie faisait sens à ses yeux, elle faisait sens aux miens… mais tout a basculé ce jour-là.
Nous étions le 1er janvier, jour où tout le monde est soit loin soit occupé.
Vivre ça toute seule, prendre cette décision toute seule, comme un parent célibataire, c’est une chose que je ne souhaite à personne. Heureusement, une amie est venue m’accompagner dans ce moment. Je lui en serai toujours reconnaissante.
Sans être certaine de prendre la bonne décision, parce qu’on n’est jamais certain de prendre la bonne décision dans ce cas, j’ai appelé un service vétérinaire d’urgence, et j’ai demandé de venir chez moi. Je voulais que Lola parte sereine, calme, chez elle, dans ses affaires, et dans mes bras. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
Après avoir longuement échangé avec la vétérinaire – qui a d’ailleurs été extraordinaire – après avoir refusé qu’on lui injecte un produit assez fort pour “lui permettre de tenir un ou deux jours de plus le temps que je puisse me faire à l’idée”, j’ai laissé partir ma chienne, en la tenant dans mes bras et en lui parlant jusqu’à son dernier souffle.
Entre le moment où les problèmes ont surgi et le jour de sa mort, il ne s’est écoulé que treize petits jours. Je n’ai pas eu le temps de me préparer à son absence, et je n’ai pas eu le temps de me préparer à lui dire au revoir. Je suis restée en état de choc pendant près d’une semaine après ça.
C’est pour cette raison que j’ai eu besoin de créer ces illustrations. Ce fut ma façon à moi de pouvoir passer encore un peu de temps avec elle. De pouvoir prendre le temps de lui dire merci pour le bonheur et la joie qu’elle a apportés dans ma vie, merci d’avoir été si présente à mes côtés. De pouvoir lui dire au revoir.
Par notre histoire, je voudrais encourager les gens qui envisagent d’avoir un animal à penser à toutes les Lolas qui sont là, quelque part, toutes ces petites âmes esseulées, derrière des barreaux, stressées, qui ont froid, qui ont peur, et qui n’attendent que ça, que quelqu’un leur offre la possibilité d’apprendre, puis d’enseigner en retour, l’amour inconditionnel, la gratitude, et la résilience.
N’achetez pas, adoptez. <3
P.S. Que vous achetiez ou adoptiez, prenez soin de lui, protégez-le, offrez-lui la plus belle vie possible jusqu’à son dernier souffle. Si vous ne pouvez pas vous engager à ça, n’achetez pas, n’adoptez pas, ne faites rien.
lalicel says
Pfiou, j’ai la gorge toute serrée et une grosse poussière dans l’œil…
Toutes mes pensées pour toi et ta louloute, vous avez été très courageuses (pas l’choix tu me diras)
Tall N Curly says
Merci beaucoup..
Oui, pas le choix comme tu dis :'( mais oui ça m’en a demandé beaucoup